Tout cela pour un simple clou...
A cause du clou, le fer (à cheval) fut perdu.
A cause du fer, le cheval fut perdu.
A cause du cheval, le cavalier fut perdu.
A cause du cavalier, le message fut perdu.
A cause du message, la bataille fut perdue.
A cause de la bataille, la guerre fut perdue.
A cause de la guerre, la liberté fut perdue.
Tout cela pour un simple clou.
Cette citation de Benjamin Franklin illustre l’importance des petits détails qui, s’ils sont négligés, peuvent parfois entraîner de grandes conséquences, phénomène que l’on nomme aussi « effet papillon ».
Vous avez probablement déjà entendu parler de l’effet papillon, ce concept selon lequel une petite action, comme le battement d’ailes d’un papillon au Brésil, entraînerait des conséquences imprévisibles à grande échelle comme une tornade au Texas…
Dans le cadre de l’art oratoire, ce principe peut aisément être appliqué : une seule phrase bien placée peut transformer un discours entier, capter l’attention de l’auditoire et laisser une empreinte durable.
L’effet papillon : comment une phrase bien placée peut changer le cours d’une présentation ?
L’une des stratégies oratoire les plus efficaces des grands orateurs consiste à concentrer leur message en une phrase clé. Jules César en 47 av. J.-C., après avoir remporté une victoire écrasante contre Pharnace II du Pont, envoie un rapport au Sénat romain avec la célèbre formule :
« Veni, Vidi, Vici » (« Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu »).
En seulement trois mots, César synthétise son efficacité et son triomphe militaire et laisse une impression durable sur le Sénat et l’Histoire.
Un autre exemple : Winston Churchill, qui, en pleine Seconde Guerre mondiale, en 1940, alors que la Grande-Bretagne est en péril, prononce un discours galvanisant avec cette petite phrase pas facile à entendre :
« I have nothing to offer but blood, toil, tears, and sweat ».
Eh bien ces mots ont non seulement encouragé la nation à tenir bon, mais ils sont aussi passés à la postérité comme le symbole de la résilience face à l’adversité écrasante.
Pourquoi ça marche, pourquoi ces petites phrases matchent-elles ?
Une phrase bien placée fait appel à plusieurs ressorts psychologiques. D’abord, elle aide à concentrer l’attention de l’auditoire.
Ensuite, une phrase forte devient un « repère mental » qui facilite la rétention du message.
Alors, comment créer cet « effet papillon » ?
Pour provoquer cet effet, il est essentiel de bien préparer sa phrase. Elle doit arriver à un moment stratégique du discours : en introduction pour poser le cadre, en conclusion pour marquer les esprits, ou au cœur de la présentation pour créer un tournant émotionnel.
Napoléon Bonaparte, prononce cette phrase à ses troupes avant la bataille des Pyramides en 1798 :
« Du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent ! »
cherchant à inspirer ses soldats en évoquant la grandeur de l’histoire égyptienne et leur place dans celle-ci.
A l’inverse, une imprécision, une hésitation, une omission ou un mot de trop peuvent avoir des répercussions dommageables et durables sur le public.
Gérald Ratner était le PDG de la grande société de joaillerie britannique Ratners Group.
En 1991, lors d’un discours prononcé devant un public fourni, en plaisantant sur ses produits, a cru bon de déclarer que si certains des articles qu’il vendait étaient si peu chers c’est parce que c’était de la « m…. intégrale » (« total crap »). Cette remarque, même humoristique, a gravement endommagé la réputation de son entreprise, entraînant une chute des ventes et menant finalement à sa démission.
Les mots sont comme des papillons mais aussi comme des flèches : une fois tirés, ils ne reviennent jamais.