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Le Geste et la parole

Soigner notre manière de dire les choses

Dans quelques jours s’ouvrira la Foire de Paris, porte de Versailles. Je m’y rends tous les ans, uniquement pour assister au fameux concours Lépine qui récompense les meilleures inventions.

C’est là-bas, depuis plus d’un siècle, que le fer à repasser, le moulin à poivre, le marteau à bomber le verre ont été présentés pour la première fois. Il y a de cela quelques années, je tombe sur un inventeur méridional, patron d’une PME, géo-trouvetou fascinant, qui avait mis au point un objet génial de la taille d’un stylo. Peu importe cet objet d’ailleurs, ça n’est pas le sujet de notre article… Le discours de ce monsieur  était passionnant. Rien à redire sur l’argumentaire, aussi bien technique que commercial. Texte parfait ! Verbal, RAS. Par contre… Il n’articulait pas, sans doute fatigué par les heures passées au Salon. Son débit vocal, trop rapide nous assommait. Le ton était monocorde. Il ne balayait pas la foule du regard, obnubilé par l’objet qu’il tenait entre ses mains. Et puis…cette tâche de mayonnaise sur le revers de sa veste, conséquence fâcheuse d’un sandwich-crudités dévoré à la va-trop-vite avant sa prise de parole…

Bien sûr ces imperfections, nous les avons tous vécues un jour nous-mêmes. Il ne s’agit pas ici d’être cruel. Mais de montrer l’importance de ce fameux « non-verbal ».  La voix, la posture, le regard, le look rien n’y était. Encore une fois, je le répète, son propos était passionnant. Mais le reste gâchait tout.  Et dans la tête des badauds qui assistaient ce jour-là à sa démonstration, l’équation fut simple et fulgurante :

« il parle mal de son objet donc son objet est nul.».

Et ce qui est valable pour un objet l’est aussi pour un service, une idée, une doctrine  politique, économique, sociale, philosophique…

Oui, la qualité de nos prestations orales est directement associée par l’auditoire à la valeur des choses que nous défendons. Et vu le contexte économique actuel, nous n’avons pas le droit de faillir dans ce domaine.

Ce que nous disons est important certes, mais la manière dont nous le disons l’est autant, voire plus, voire beaucoup, beaucoup plus.

Se former à la prise de parole en public s’avère donc être un besoin majeur pour les acteurs de notre économie.