Les clowns ne m’ont jamais trop fait rire. Je ne saurai dire si cela est dû à leur maquillage grotesque, leur voix criarde ou leur texte inexistant.
Mais je ne suis pas le seul. Ils suscitent chez beaucoup de gens une espèce de malaise et de méfiance. Alors, pourquoi en parler me direz-vous ?
Peut-être parce qu’il y a des leçons à tirer pour la prise de parole.
Trop d’artifice nuit à l’authenticité
Le maquillage des clowns, avec leurs traits exagérés et leurs sourires figés, crée un décalage entre l’apparence et la réalité. Cette étrangeté suscite ce qu’on appelle «l’effet de la vallée dérangeante », un phénomène psychologique où des figures presque humaines mais anormales provoquent une gêne. En prise de parole, un excès d’artifice – des mots trop techniques, des gestes forcés ou une voix surjouée – crée un fossé entre vous et votre public. Ce dernier perçoit immédiatement ce qui sonne faux. Être soi-même, sans surjouer, permet de bâtir une relation authentique et de susciter une réelle adhésion.
L’imprévisibilité : un outil à manier avec soin
Les clowns misent sur l’inattendu pour provoquer les réactions du public. Si cet effet fonctionne dans le contexte du cirque, attention, jouer avec l’imprévu lors d’une prise de parole normale peut déstabiliser vos interlocuteurs… Un discours parsemé de digressions ou de blagues malvenues risque aussi de diluer le message. Mais, une anecdote surprenante ou un changement de ton bien placé captent l’attention tout en renforçant le fil conducteur. Donc : l’imprévu, oui, mais bien dosé.
Impact visuel : séduire sans distraire
Les costumes criards des clowns attirent le regard certes, mais détournent parfois l’attention de leur prestation. En prise de parole, des supports visuels trop chargés ou une tenue trop extravagante peuvent distraire de l’essentiel : le message. Mieux vaut adopter une apparence et des éléments visuels qui soutiennent le propos, sans distraire l’attention. Un orateur doit aligner son image avec son discours.
Conclusion
Prudence donc. L’humour est comme un maquillage de clown : une petite touche attire le regard mais en abuser fait peur.
Une parole claire, sincère et maîtrisée fera toujours plus d’effet qu’un numéro de cirque.
PS : Le général de Gaulle, qui chaussait du 66, avait fait don en 67 d’une paire de souliers au célèbre Achille Zavatta qui, repeintes en rouge et blanc, valurent par la suite au clown un franc succès auprès des enfants. Sans doute un peu jaloux, le général tenta en 68 d’égaler la performance du clown lors du Noël de l’Elysée mais sans conquérir le public…
Certains y voient une des vraies raisons – quasiment ignorée par les historiens – cachées du mois de mai suivant…